Mrs Recht's Classroom

Séquences et ressources pédagogiques pour enseigner l’anglais au collège.

 

Le théâtre en cours d’anglais

Le théâtre en cours d'anglais
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Table des matières

Le théâtre peut sembler, à première vue, un outil réservé aux élèves très expressifs. Et pourtant, il se révèle un allié précieux dans l’apprentissage de l’anglais.

Le théâtre en cours d'anglais

Introduction

Observer ses élèves prendre confiance, dépasser leur timidité et jouer avec les mots, c’est une expérience que tout enseignant peut vivre. Le théâtre en anglais n’est pas seulement un moyen d’améliorer la prononciation ou la fluidité orale : c’est un véritable levier de confiance en soi et de motivation. Et même si j’étais moi-même une grande timide, incarner un rôle m’a toujours aidé à dépasser ma timidité.

Réflexion liminaire

Comme vous tous, je sais que beaucoup d’élèves hésitent à parler anglais par peur de l’erreur ou du regard des autres. Par conséquent, la pratique de l’oral devient le point faible de leur apprentissage, et l’appréhension freine leur progression. C’est pourquoi introduire le théâtre dans la classe transforme cet enjeu : nos élèves ne parlent plus seulement pour « bien faire », ils incarnent un personnage. Ainsi, l’anglais devient un instrument de jeu, et le jeu un moteur d’apprentissage.

Mise en pratique

Voici quelques pistes concrètes pour intégrer le théâtre en anglais, même avec peu de matériel. Bien sûr, je vous encourage à faire venir des troupes de théâtre dans votre établissement, il y en a de nombreuses. Et c’est toujours un succès. And last but not least, rapprochez-vous de vos collègues de français. Il n’est pas rare qu’ils aient fait du théâtre et qu’ils aiment ça ! De plus ils en étudient en classe et auront plein de conseils à vous donner ! Croyez-moi !

Jeux de rôle courts et progressifs

Tout d’abord, commencez par des situations simples et concrètes du quotidien : commander un café, demander son chemin ou se présenter à un nouvel élève. Chaque élève peut préparer quelques phrases à l’avance, puis répéter la scène par deux ou trois avant de jouer devant la classe. La clé consiste à varier les rôles : l’élève qui était « client » devient « serveur », ce qui permet de travailler différents registres de langage. Pour les niveaux plus avancés, j’aime introduire des contraintes. Ainsi ils ont un mot imposé, une émotion à exprimer ou un objet à intégrer… Car, ces variations stimulent la créativité, renforcent la mémorisation du vocabulaire et diminuent l’appréhension liée à l’oral.

Ce point fait d'ailleurs l'objet d'une très grosse commande d'un établissement. Je vous en reparle bientôt mais vous allez A.DO.RER!

Lecture expressive de dialogues

Ensuite, choisissez un extrait d’une pièce courte ou d’un sketch humoristique adapté au niveau de la classe. Distribuez les répliques et encouragez les élèves à travailler non seulement le texte, mais aussi la manière de le dire. Je parle évidemment d’intonation, de rythme, de pauses, de gestuelle.  Bien sûr, l’objectif n’est pas la performance, mais la mise en confiance. Bonus : enregistrer la lecture puis la réécouter permet aux élèves de prendre conscience de leur progression et de leur prononciation. A réserver à un travail individuel à la maison pour ne pas froisser les timides.

Improvisation guidée

Enfin, l’improvisation est un excellent moyen de libérer la parole. Ainsi, proposez une situation de départ — par exemple : « tu as perdu ton téléphone dans un parc » — et laissez les élèves inventer la suite. Encouragez-les à développer des dialogues, gestes et interactions spontanés. Pour les débutants, vous pouvez fournir des phrases ou expressions clés pour éviter le blocage. Pour les plus avancés, exigez un vocabulaire précis à utiliser ou une émotion particulière à montrer. L’improvisation développe la créativité, l’adaptabilité et le courage de parler sans filet.

Quelques pièces à faire découvrir en classe

Même avec un niveau débutant, certaines œuvres se prêtent admirablement à la classe. Toutefois, veillez à en extraire des passages choisis et à  jouer sur la mise en scène plus que sur la langue.

Shakespeare pour la musicalité du langage

Tout d’abord, Shakespeare n’est pas réservé aux lycéens. Des scènes courtes et très visuelles comme The Witches’ Scene de Macbeth ou la querelle des amoureux dans A Midsummer Night’s Dream fonctionnent très bien avec des collégiens. Les élèves aiment le ton théâtral, les gestes amples, les émotions fortes. On peut moderniser la langue, garder le rythme et les intentions : c’est l’esprit du texte qui compte.

  • Activité : les élèves peuvent créer un “witches’ chant” collectif, en mêlant les formules originales (“Double, double toil and trouble…”) à des créations personnelles. On insiste sur le rythme, l’intonation et la prononciation expressive.
  • Point de langue : l’emploi des impératifs (“Come!”, “Speak!”, “Stand close!”) et des onomatopées pour jouer avec les sonorités anglaises.

Oscar Wilde pour l’humour et l’esprit britannique

Ensuite, une scène de The Importance of Being Earnest ou de An Ideal Husband permet d’aborder la politesse, les conventions sociales et l’ironie. Les dialogues rapides, les quiproquos et les apartés développent la compréhension implicite. Même adaptées, ces scènes font saisir l’art de la répartie “so British”.

  • Activité : les élèves rejouent une scène de salon, en se fixant un objectif précis : garder un ton courtois tout en exprimant le désaccord. Cela devient un exercice d’équilibre entre le registre formel et le jeu ironique.
  • Point de langue : les formules de politesse et d’atténuation (“I’m afraid I disagree”, “You may be right, but…”) et les expressions idiomatiques typiquement britanniques.

Roald Dahl et les pièces jeunesse

Enfin, les versions théâtrales de Matilda ou Charlie and the Chocolate Factory existent en scripts simplifiés, parfaits pour le collège. Les personnages hauts en couleur et les situations comiques offrent un terrain de jeu idéal pour travailler les émotions et la prononciation.

  • Activité : en binômes, les élèves improvisent une interview imaginaire : un journaliste interroge Willy Wonka ou Miss Trunchbull. On peut filmer les saynètes ou les jouer devant la classe pour travailler la spontanéité et la clarté de l’expression.
  • Point de langue : la construction des questions (“What do you think of…?”, “Why did you…?”) et l’utilisation des adjectifs intensifs pour caractériser les personnages (“absolutely terrible”, “so clever”, “really strange”).

Romeo and Juliet : quand la langue devient émotion

Bien sûr, difficile d’évoquer le théâtre sans mentionner Romeo and Juliet. C’est la pièce qui traverse les âges et les frontières. Le texte de Shakespeare, loin d’être figé, peut être détourné — et à chaque fois, il parle encore du courage d’aimer et de la difficulté d’être soi.

La force universelle du récit

Roméo et Juliette sont deux adolescents épris de liberté et confrontés à un monde d’adultes figé dans la haine. Ce thème, d’une universalité rare, permet de parler d’identité, de loyauté, de choix — notions que les élèves exploreront volontiers.

  • Activité : commencer par un résumé illustré en six scènes : chaque groupe résume une partie de l’intrigue en une phrase simple et un dessin. Cela aide à comprendre la trame avant de plonger dans la langue. Cette étape narrative rassure les élèves et les ancre dans la compréhension globale avant d’aborder le texte original.
  • Point de langue : le prétérit simple pour raconter les événements (“They met”, “They fell in love”, “They died”), et le lexique des sentiments : love, hate, family, fight, secret, promise.

Faire vivre la langue des émotions

Le texte shakespearien est un bijou sonore. Le travailler, c’est exercer l’oreille autant que la voix. La célèbre scène du balcon est idéale pour ce travail : le lexique est clair, la situation limpide, l’émotion palpable.

  • Activité : lire la scène en binôme, d’abord en anglais, puis en version “traduite” par les élèves en anglais contemporain. On peut aussi enregistrer la lecture à voix haute pour travailler la musicalité et l’intonation.
  • Point de langue : les phrases exclamatives et interrogatives (“Wherefore art thou Romeo?”, “What’s in a name?”) et les expressions de l’émotion (“I love you”, “I miss you”, “I can’t see you again”).
    On met l’accent sur la prononciation expressive, sur la respiration et le ton — la voix devient ici un véritable instrument de compréhension.

De la scène au projet créatif

Faire jouer Romeo and Juliet, même dans une version simplifiée, transforme l’étude littéraire en expérience humaine. La pièce offre mille déclinaisons possibles : mini-saynètes, journal intime, bande dessinée, court métrage… Cette approche fait passer les élèves du rôle de lecteurs à celui de créateurs : ils comprennent mieux la pièce parce qu’ils la vivent, chacun à leur manière.

  • Activité : proposer un “modern retelling project” : les élèves réécrivent une scène clé dans un cadre actuel — une école, un festival, les réseaux sociaux. Le travail s’achève par une représentation ou un enregistrement vidéo.
  • Point de langue : le discours rapporté (“She said that she couldn’t see him anymore”) et les connecteurs logiques pour raconter (“so”, “because”, “but”, “however”).

Le freebie de cette semaine, offert dans la newsletter le 19 octobre vous propose une étude de la scène du balcon adaptée !

Extension culturelle

L’histoire de Roméo et Juliette n’appartient plus seulement à Shakespeare : elle a voyagé, traversé les siècles et les continents, se réinventant sans jamais perdre sa force. Evidemment, je pense toute de suite à la version de Baz Luhrmann. Dans cette version moderne, dans un décor contemporain, le texte original reste inchangé, mais la mise en scène rend Shakespeare incroyablement vivant. Mais on pourra aussi parler de West Side Story avec une même question peut-on aimer au-delà des frontières imposées ? Et puis j’avoue avoir un faible pour Romeo @Juliette, le roman bilingue.

Ressources disponibles

Pour commencer avec des jeux de rôle simple et guidés, je vous conseille l’utilisation de dés illustrés. Nous en avons sur de nombreux thèmes et cela permet toujours un pairwork lié à la séquence (ou non d’ailleurs) de bonne qualité. Vos élèves en apprécient également le côté ludique. Cela vous permet d’imposer l’utilisation de mots spécifiques si vous le souhaitez. Pour cela, vous aimerez peut-être nos mots-étiquettes sur de nombreux thèmes également. Enfin, je vous conseille la collection Playing with plays qui vous permettra de faire de la lecture suivie et du théâtre en même temps ! On pourra également détourner le rituel de « jogging d’écriture » en « jogging de conversation » pour faire discuter nos élèves de « tout et de rien » en début ou en fin de cours. Et puis si Shakespeare vous dit, j’adore cette collection de bande dessinées avec le texte original !

Conclusion

Le théâtre en anglais n’est pas réservé aux passionnés de comédie : c’est un outil concret pour rendre l’oral vivant et motivant. Il transforme l’erreur en opportunité, la peur en énergie et la langue en expérience partagée. Chaque jeu, chaque dialogue lu ou improvisé, rapproche l’élève de l’aisance orale et lui fait ressentir que l’anglais peut être amusant et gratifiant.

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