Mrs Recht's Classroom

Séquences et ressources pédagogiques pour enseigner l’anglais au collège.

Interaction orale : tâtonnements

Interaction orale
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Table des matières

L’interaction orale est de toutes les activités langagières celle pour laquelle je me creuse le plus la tête au quotidien. Surtout pour les plus grands ados. Si cela vous dit, venez tâtonner et expérimenter avec moi !

Interaction orale

Le souci de l'interaction orale

Tout d’abord, je crois fondamentalement que le souci de l’interaction orale, c’est son manque d’authenticité. On ne peut pas faire plus artificiel que cela. Demander à des ados de faire comme si leur camarade ne comprenait que l’anglais. Les petits veulent bien vous suivre. Ils savent que c’est pour de faux et cela les amuse. Mais les grands se méfient de tout ce qui est artificiel.

De plus, si vous vous creusez la tête pour utiliser un maximum de documents authentiques, vous constatez sans doute comme moi que les modèles audios de conversation authentiques sont très compliqués à trouver. Ce qui fait que même notre demande devient artificielle ! Et on finit parfois même par bricoler un document pour obtenir un modèle d’interaction. A imiter.

Enfin, et c’est sans doute lié à la situation actuelle, cachés derrière leur masque depuis 2 ans, nos élèves ont peu à peu délaissé cette part de notre enseignement. Pas les bavardages, hein, ne rêvons pas, mais les communications intra-groupes et les pairworks me semblent plus laborieux à mettre en place.

De l'utilité de l'interaction orale

Pour autant, on ne peut pas délaisser l’interaction orale. Ne serait-ce que parce que dans la vraie vie c’est celle à laquelle ils seront confrontés bien plus que la production écrite. Dingue ! On les prépare plus facilement à une activité langagière qui ne leur sera que très peu utile. Et ils rechignent à travailler celle qui leur sera indispensable.

Cela fait donc 2 ans – 2020 pour lancer un projet, on voit la fille qui a du nez ! – que je tente de les faire progresser en interaction orale. Quitte à rendre les choses volontairement artificielles pour peu qu’ils communiquent et pose des questions correctes. Une bonne fois pour toutes !

Voici les objectifs que je poursuis inlassablement depuis lors. Avec moultes ratés. Vous êtes prévenus. Et de menues réussites. Ainsi que des chantiers encore en cours !

Savoir poser une question

Alors, je ne sais pas ce qu’il en est de vos élèves. Mais les miens galèrent bien comme il faut sur le sujet. C’est très agaçant. Enfin frustrant. Car ils semblent comprendre le fonctionnement. Lorsqu’on leur tient la main, voire le stylo, ils y arrivent. Et puis on les lâche. Ils se cassent la figure. Ce n’est vraiment pas beau à voir. Ni à lire. Ou à entendre. Lorsqu’ils interrogent notre assistante américaine après une séquence en particulier ET sur le thème que nous venons de travailler, je n’ai qu’une envie : me cacher dans un trou de souris.

Répondre avec une phrase construite

Si leurs questions sont mal construites, elles ont au moins l’avantage de comporter plusieurs mots. Leurs réponses, elles, sont parfois monosyllabiques. C’est désespérant. Les modèles sont là. On les a répétés. Ils les comprennent. Puis vient le moment où on leur pose une question. Et ils répondent. Euhhhhh no. Tout votre cours sur les réponses courtes – en plus on ne demande pas la lune en anglais – vous revient en pleine figure. Et pour les questions ouvertes, c’est à pleurer.  Un mot et c’est plié. 

Interagir spontanément en anglais

Evidemment, je ne vous parle pas de la compétence : réagir spontanément à des sollicitations verbales ! Spontané, ce n’est vraiment pas le mot qui me vient lorsque je pense à la prise de parole des mes élèves de 5e et de 3e. Je mets les 6e à part, eux ils sont partants pour tout et n’importe quoi. Si en plus ils doivent mobiliser plusieurs réponses ou questions possibles et s’écouter pour interagir, ils soufflent et boudent. 

Prononcer correctement

Dernier chantier et pas des moindre, la prononciation pose particulièrement problème en interaction orale. Car ils ne se comprennent pas. Votre superbe activité au cours de laquelle le groupe A posait des questions au groupe B qui répondait pour compléter les informations manquantes … devient une activité laborieuse. On répète chaque question, chaque réponse. On ponctue avec des “mais t’as dit quoi ?” “hein?” “ù$*@ je comprends rien madaaaaaame”. 

Des clés pour l'interaction orale

Premièrement, sachez que je suis loin d’être une experte sur cette question. Des activités qui se cassent la figure en direct, j’en vis au quotidien. Deuxièmement, les trucs partagés ci-après ne sont que des pistes. Ce n’est pas garanti que ce qui a marché à un moment T dans ma classe fonctionne dans une autre. D’ailleurs, je vis ce dilemme tous les lundis et tous les mardis avec mes 2 classes de 3e. Le grand écart. D’une heure à l’autre. Imprévisible en plus.

Le jeu

Le seul truc artificiel qu’un élève de 3e dans ma classe consent à faire, c’est jouer avec des questions. Et je compartimente. On ne se lance pas dans un dialogue spontané de suite. D’abord, on travaille la forme interrogative. Seule. Souvent, on part d’une compréhension orale de manuels – c’est plus simple de trouver des dialogues dans les manuels et donc des questions – ou d’une compréhension écrite type sondage, questionnaire, quiz. Ensuite, on construit des questions. Et on transforme tout ça en jeu.

Un exemple sur Blitz

Voici un exemple fait il y a quelques semaines en 3e. Nous travaillons dans le cadre d’un EPI sur le Blitz. Tout d’abord, les élèves lisent en autonomie au CDI lors d’une heure dédiée – on les appelle les heures bleues chez nous – le livre Blitz Britain de Paper Planes. Ils doivent noter 20 faits marquants sur le Blitz qu’ils ont appris pendant leur lecture. Ensuite, on écoute un audio de manuel – Give me five 3e sur Blitz Kids (lien de l’audio). On y repère les questions de Tom à sa grand-mère. Il nous faut du temps pour voir comment elles sont construites. Ensemble, on fabrique d’ailleurs un arbre décisionnel pour savoir comment fabriquer une question au prétérit. Enfin, on joue en live à Qui veut gagner des millions dans la classe. Chacun doit poser une question à ses camarades sur le livre. Sous leurs yeux, l’arbre décisionnel et leurs notes sur le livre.

Un exemple sur Biographies

Le jeu qui cartonne à tous les niveaux c’est un mélange de Jeopardy et d’image mystère sur les biographies. Je cache la photo d’une célébrité derrière des cases. Chaque case comporte un prompt pour une question (job, birth, spouse, success…). S’ils posent la question correctement, d’une part je leur réponds et je clique pour découvrir une partie du portrait. Comme ils ont envie de découvrir qui se cache derrière l’image, ils essaient.

La classe puzzle

Vraiment, j’aime beaucoup l’idée. Et je la pratique par moment. Mais c’est souvent laborieux car … ils oublient comment poser des questions. Et ils lisent le texte en guise de réponse. C’est un gros chantier en cours pour améliorer l’interaction orale dans ma classe. Parfois cela marche vraiment bien comme avec le freebie partagé dimanche prochain dans la newsletter. Parfois c’est un joli FLOP, triple axel et félicitations du jury en prime. Comme je suis ultra-têtue de nature, je les force et on travaille souvent en classe puzzle avec les flapbooks. Je divise la classe en 5 groupes. Chacun a son “flap” complété : le groupe 1 a le flap 1 complet, les autres avec trous. On questionne le groupe 1 pour compléter. Puis on passe au 2 … Une fois qu’ils ont l’habitude on peut lâcher la bride un peu. Mais mes 3e ont tendance à piquer le papier et le recopier sans vergogne. Il faut les garder à l’oeil.

Les poèmes

Pour travailler la prononciation – et l’intonation des questions soyons fous – j’aime étudier des poèmes. Il faut les chercher pour trouver ceux qui imitent une conversation mais cela existe. Evidemment, vous connaissez sans nul doute “Yesterday night, I went somewhere” qui permet de travailler le prétérit simple et la forme interrogative d’un seul coup. D’ailleurs, nous venons de le terminer en 5e. Premièrement, on a une séance de compréhension orale. Puis, on a une phase de PRL. Enfin, on fabrique des dés avec les questions. On en invente d’autres et on crée d’autres dés. Et on s’amuse à répondre des trucs un peu étrange. Oui ! En 5e, j’ai réussi à faire une séance de “réponses spontanées !”. Non sans une bonne dose de patience, croyez-moi.

Mais, et c’est là que je me dis que je suis sur la bonne voie avec cette piste en particulier, à présent que l’on travaille sur les biographies, la construction des questions pour l’interview d’un expert sur Shakespeare a été moins éreintante. Ils se rappellent des questions modèles du poème et on imite.

La carotte de la note

Mes 3e ne fonctionnent qu’à ça. C’est d’une tristesse. Alors, lorsqu’on fait – un peu – d’improvisation en interaction orale, je sur-bonifie les efforts de constructions de phrases. Oui, je surjoue l’enthousiasme débordant. A la Dora. Il m’arrive de pimenter les choses en imposant des mots particuliers. Et sur la séquence sur les excuses par exemple cela a bien fonctionné. Pareil sur les Best Jobs. Mais quel travail en amont ! On est vraiment sur une construction brique par brique d’une tâche finale. 

Les rituels

Le mot du jour est une valeur sûre. Au fur et à mesure, on bascule de la production orale à l’interaction orale. Au début de l’année, un élève fait deviner le mot avec des indices. A la fin de l’année, la classe interroge l’élève pour deviner le mot. On avance. A petits pas.

D'autres pistes à l'étude

D’abord, les dés de conversation sont une valeur sûre pour travailler l’interaction orale. J’ai commencé à les faire fabriquer par les élèves eux-même, y compris sur le contenu des faces. Je ne vous cache pas que c’est chronophage, mais prometteur. De plus, je me force à intégrer un pairwork bateau, accessible, court voire artificiel et ultra-didactisé si besoin, dans chaque séquence. Enfin, les arbres décisionnels ont bien plu aux 3e. Il faut que je revoie un peu leur construction sans doute. Mais ils s’en sont emparés. Evidemment, ils se reposent entièrement dessus. Aucun n’a eu l’idée d’apprendre le contenu … mais je ne perds pas espoir.

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