Mrs Recht's Classroom

Séquences et ressources pédagogiques pour enseigner l’anglais au collège.

Partage d'expérience enseigner l'anglais
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Le partage d’expérience, c’est l’essence même de notre métier. Partager avec les élèves, échanger avec les collègues, apprendre des autres tout simplement. C’est une remise en question de tous les instants car expérimenter c’est accepter de tâtonner. Et comme vous, je tâtonne à longueur de temps, chaque jour.

Partage d'expérience enseigner l'anglais

Pourquoi essayer de nouvelles expériences ?

Mrs Recht quote

Expérimenter, tenter, essayer, c’est le cœur de notre métier. Tous les jours, chaque séance, chaque activité est une expérience nouvelle. Souvent, un coup d’épée dans l’eau, parfois une erreur monumentale, au quotidien un petit rayon de soleil,  mais de temps en temps aussi une révélation !

Et pour progresser dans notre métier, force est de constater qu’il vaut mieux compter sur le partage d’expérience de nos collègues que de notre institution. Les formations dont nous bénéficions sont souvent déconnectées de notre réalité. A vrai dire, elles sont souvent trop modélisantes ou culpabilisantes pour nous faire réellement évoluer. Qui n’est jamais sorti d’une formation PAF en se sentant véritablement nul, ou en ayant l’impression de tout devoir changer dans sa pratique ?

Si on enseigne à nos élèves avec bienveillance, on n’en apprend pas moins avec confiance. Et mon souhait le plus cher est que ce blog soit un endroit où vous aimez flâner pour découvrir de nouvelles choses, tenter avec moi de petites innovations pédagogiques #commeilsdisent, m’apprendre à votre tour des techniques qui ont marché dans vos classes.

Partage d'expérience #1 : La chasse aux mots

Pourquoi ? Comment ?

Apprendre avec le sourire est toujours plus agréable que d’apprendre sous pression. Avec les 6e, cette année, le mot d’ordre c’est “apprendre en s’amusant”. Et j’ai tenté avec eux de mettre en place des chasses aux mots.

Les élèves doivent se déplacer dans la classe pour récupérer du vocabulaire utile pour une activité donnée. Il est parfois caché, affiché ou même confié à quelques uns. Il est écrit sur des cartes, ou simplement illustré, ou codé en phonétique.

Cette expérience est une mise en danger pédagogique : elle est bruyante ! Enfin, ce n’est pas non plus comme si une tornade s’abattait sur votre classe. Mais tous les élèves sont debout, certains doivent ramper pour trouver les mots, d’autres discutent pour se donner des indices, un acrobate grimpe pour vérifier si le mot n’est pas sur le vidéoprojecteur …

Et si c'était à refaire ?

Mais cette expérience est concluante ! Je l’ai par exemple testée sur l’écriture d’une histoire d’Halloween. Les élèves ont un texte dans lequel certains mots sont remplacés par des illustrations. Pour retrouver ces mots, ils devaient se déplacer dans la classe et découvrir des flashcards. Un seul élève par îlot avait l’autorisation de se lever : il a dû épeler les mots à ses camarades au retour.

Si vous cherchez d’autres façons d’utiliser des flashcards, j’ai publié une petite vidéo avec 8 idées créatives pour réellement profiter de ce formidable outil.

Partage d'expérience #2 : La tâche finale inversée

Cette expérience ne plairait pas à un inspecteur. Elle va à l’encontre de tous les principes qu’on nous enseigne. Vous êtes prévenus. Je l’avais d’ailleurs publié sur ma carte mentale de préparation de rentrée.

Cartes mentales

La genèse du projet

Cette expérience m’a été inspirée l’an passé lors d’une correction de tâche finale en 4e. Honnêtement, mes élèves auraient fait mieux avant la séquence qu’après. Ils n’avaient rien retenu de notre séquence. Cette tâche finale était tout simplement ratée. Un échec cuisant. Aucun d’entre eux n’avait utilisé les éléments travaillés en classe, que ce soit en grammaire, pour le lexique, ni même sur le plan culturel. #givemearope

Quelle claque j’ai pris en plein visage ! Et je me suis promis que si cela se reproduisait, je ferais le contraire : je n’enseignerais rien avant la tâche finale. Je proposerais direct l’évaluation. Et qu’on reconstruirait ensemble la séquence pour améliorer leur production. Un vrai accompagnement personnalisé mais dans la douleur en somme.

Je me lance (enfin, je les lance)

Ce sont les 3e qui en ont fait l’amère expérience cette année. Enfin, amère, au départ. Car évidemment, bienveillance oblige, ce plongeon dans l’inconnu pour eux n’a pas été sanctionné d’une note mais bien d’un travail a posteriori.

Nous avons après les vacances de la Toussaint entamé notre séquence sur Bullying. Nous la terminons d’ailleurs. Une des premières étapes est la création d’une affiche de campagne. On a simplement dégrossi le terrain : c’est quoi le harcèlement. POINT. Ils sont arrivés la séance suivante. J’ai donné une feuille blanche à chacun et des instructions détaillées pour le contenu d’une affiche.

L'horreur absolue

J’ai tenu bon devant la mine déconfite de certains de mes élèves (que je connais depuis 3 ans) : “on ne sait pas faire” me suppliaient-ils de leur regard de cockers. J’ai tenu bon devant les remarques de mon moi intérieur : “on n’évalue que ce qu’on a enseigné !” “Je n’évalue pas me répétai-je, j’enseigne ! Je vais leur apprendre pourquoi nous travaillons par étape.”

Ils se sont exécutés (c’est le mot qui convient le mieux). Certains ont ramé, d’autres ont abandonné, beaucoup ont essayé sans trop y croire. Ils m’ont rendu leurs posters, en restant un peu à mon bureau : “c’était dur Madame”. J’ai baissé les yeux, esquissé un sourire, et un “ne vous inquiétez pas !”.

La remédiation : la séquence

La fois suivante : j’ai rendu leur poster avec des conseils de relecture, des points à retravailler. On a listé ce qu’il fallait faire pour réussir. Les outils dont ils avaient besoin. Et on a travaillé pendant 2 séances sur des affiches, des définitions, un reportage aussi. On a apporté du contenu à ces affiches. Et ils ont refait. Et ils ont majoritairement réussi !

En conclusion, je ne dis pas que c’est LA solution, bien au contraire. Et je me ferais, à juste titre, taper sur les doigts. Mais parfois il faut leur rappeler pourquoi on apprend – et pas seulement le leur dire ou le leur faire écrire. Des fois, il faut qu’ils le vivent pour le comprendre.

Partage d'expérience #3 : L'Escape Game

Cette expérience date un peu. En effet, j’ai lancé les escape games – non numérique car je n’ai pas le matériel adéquat – dans ma classe l’an passé. Mais, frileuse, j’avais toujours proposé cette modalité de travail en fin de séquence. Un peu comme une évaluation par compétences 😉

Cette année, un matin, le 6 novembre très exactement, les 5e LCE entrent en classe. Après les 5e. Ceux-là même qui, après avoir travaillé sur le flapbook de Guy Fawkes la veille, venaient de boucler l’escape game du même nom ! L’effervescence, l’ouverture du verrou de la porte de la classe après l’explosion de la bombe (notre timer à l’écran !) … tout ceci a suscité l’intérêt des élèves suivants.

“On peut le faire nous aussi ?”

A ce moment là, tout se bouscule dans ma tête. On vient de lancer notre séquence sur l’école. On a une séance en salle informatique pour eTwinning. ILS N’ONT AUCUNE IDEE de qui est GUY FAWKES ! J’ai 6 photocopies de rab (j’avais mal compté pour les 5e).

“All right, then! I need 6 teams! Get ready!”

Et je relance le truc. Je suis au taquet. Eux-aussi ! Ils bouclent le tout en 40 minutes. SANS BACKGROUND. On en refera un madame ??

Et là, évidemment, je me suis rappelée que je l’avais déjà fait ce truc de dingue, et en pire puiqu’avec des CM2 ! #alzheimer

Bilan d'expérience

Pour conclure, s’il y a une chose à retenir de ce long article, c’est que nos élèves se mettent en danger à chaque séance. Ils ne savent pas ce qu’ils font là pour beaucoup. Certains s’inquiètent de ce qu’on va leur demander. Beaucoup sont très inquiets, pour tout !

Et s’ils nous voient tenter des choses, échouer aussi. Admettre qu’on a raté. Recommencer. Refaire. Apprendre avec eux. Leur confiance, leur volonté, leur motivation grandissent.

C’est un pas important pour nous d’accepter de sortir de notre zone de confort. Mais c’est surtout très enrichissant. Cette semaine, tentons un truc !

Un commentaire

  • Virginie dit :

    Merci pour ce post très intéressant. Je suis tout à fait d’accord avec toi, apprendre, c’est se mettre en danger, sortir de sa zone de confort, c’est difficile.
    Je pense que les élèves, mêmes s’ils ne savent pas trop ce qu’ils font à l’école, ont au moins des repères, ils se créent une zone de confort, si minime soit-elle, et dès qu’on la leur enlève, ils paniquent! Depuis que j’ai lancé le travail en îlots puis en (partiellement) inversé, certains ont accepté de se lancer, mais beaucoup arrivent en classe en se demandant quelle autre idée farfelue je vais leur proposer (et moi je trouve ça très drôle!). Mes 3èmes cette année sont particulièrement récalcitrants, ils arrivent et attendent. Je rame un peu, mais c’est un défi à relever!
    Et oui, changer sa pratique, c’est aussi se mettre en danger en tant que professeur, c’est risquer de rater son cours, de prendre du retard, de “perdre” les élèves… mais c’est tellement enrichissant! Evidemment, il y a des jours où je rentre démoralisée, mais j’y retourne quand même, et je ne lâche rien, parce que la seule pensée de faire un cours “classique” (je parle, j’écris au tableau, ils écrivent dans leurs cahiers et ils apprennent par coeur, point barre) m’ennuie profondément!
    Merci d’avoir partagé tes expériences avec nous, ça donne des idées, ça inspire! Et c’est ce qui compte le plus après tout, non? Alors encore une fois, merci pour tout!

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